La nuit. La pluie. Un ciel blafard que déchiquette De flèches et de tours à jour la silhouette D'un ville gothique éteinte au lointain gris. La plaine. Un gibet plein de pendus rabougris Secoués par le bec avide des corneilles Et dansant dans l'air noir des gigues non pareilles, Tandis que leurs pieds sont la pâture des loups. Quelques buissons d'épine épars, et quelques houx Dressant l'horreur de leur feuillage à droite, à gauche, Sur le fuligineux fouillis d'un fond d'ébauche. Et puis, autour de trois livides prisonniers Qui vont pieds nus, en haut de gros pertuisaniers En marche, et leurs fers droits, comme des fers de herse, Luisent à contresens des lances de l'averse. [ from Saturnian Poems , Paul Verlaine 1866 ]